Les aliments « spécial chien »

Après avoir dégrossi les bases de l’alimentation canine dans un précédent article sur  »l’alimentation canine », nous allons maintenant parler des aliments « spéciaux » que l’on trouve dans le commerce pour nos chiens.

Pour nourrir correctement son compagnon à quatre pattes, il est nécessaire de savoir de quoi il a besoin comme apports de façon générale, de quoi sont composés les divers aliments que l’on trouve dans le commerce, et comment les adapter au cas particulier de son animal. Les besoins nutritionnels d’un chien varient selon plusieurs critères, dont les deux principaux à retenir sont le métabolisme propre du chien (en fonction de sa race, de son état de santé, et de son âge) et les dépenses liées à son activité physique (durée, intensité, régularité, etc).

Sa race n’indique donc pas à proprement parler les besoins nutritionnels d’un chien, mais elle détermine sa taille et son poids idéal, ainsi que sa surface corporelle théorique. Elle permet aussi de connaître la répartition moyenne entre muscles et graisses et d’identifier les besoins énergétiques correspondants. Deux chiens de même gabarit (poids/taille) n’auront pas les mêmes besoins métaboliques si l’un des deux appartient à une race généralement très musclée et l’autre à une race avec une masse adipeuse (graisseuse) beaucoup plus importante…

Alimentation « spéciale race X »

Les aliments « spéciale race X ou Y» ne suffisent donc pas à garantir une alimentation correcte à votre chien et parfois cela peut être un simple élément marketing : on trouve des croquettes « spéciales race » vendues plus chères que des croquettes « toutes races » de la même marque avec des compositions identiques !

Les compositions et l’équilibrage des aliments dans le commerce vont varier d’une marque à l’autre, ou d’une gamme à l’autre, mais l’alimentation d’un chien sera toujours plus ou moins composée des mêmes nutriments de base, quand on décompose les recettes. Qu’elle que soit leur race, les chiens vont donc avoir besoin des mêmes nutriments mais en quantités différentes parce que les besoins métaboliques et les dépenses physiques varient entre 2 individus. Il faudra donc adapter l’alimentation (et les portions) en fonction de votre chien quoi qu’il arrive :

Deux chiens de la même race, ayant le même gabarit taille/poids, et le même âge, auront un métabolisme très proche mais peuvent avoir des besoins énergétiques différents si l’un d’eux à une activité physique intense en gardant des troupeaux en montagne par exemple, alors que l’autre ne ferait qu’une balade quotidienne dans le quartier.

Si vous achetez des aliments avec trop peu de protéines d’une marque Alpha « spéciale race » adaptée à celle de votre chien, il faudra en donner beaucoup à votre chien hyper sportif ou hyper musclé pour couvrir ses apports journaliers minimum. Comparativement, un chien sédentaire et moins musclé de la même race nourri avec le même aliment Alpha « spéciale race »  aura des portions plus petites qui couvriront tout à fait ses besoins énergétiques.

Le risque d’avoir de trop grosses portions pour combler un apport en particulier, ou en se disant qu’il vaut mieux que notre chien mange trop que pas assez, est d’apporter d’autres éléments en excès. Typiquement, le risque est de donner trop de glucides (sucres) en voulant couvrir les autres besoins de bases avec des croquettes bas de gamme et bon marché, alors qu’en passant à une alimentation d’une marque Beta mieux équilibrée, une quantité moindre et plus adaptée suffirait à couvrir les apports nécessaires.

Le risque inverse serait de donner des quantités trop faibles à un chien par rapport à ses besoins : soit parce qu’on lui donne des aliments bas de gamme pour faire des économies et en se donnant bonne conscience par qu’elles sont « spéciale race », mais elles ne couvrent pas ses besoins essentiels et il court le risque de développer des carences ; soit à l’inverse parce qu’on lui donne des aliments hyper protéinés et très caloriques en pensant bien faire parce qu’ils correspondent à sa race et qu’ils couvrent ses besoins, mais ils ne combleront pas forcément sa satiété.

Un aliment « spécial race X » peut aussi ne pas bien être digéré par un individu de cette race… Bref on comprend bien qu’une alimentation qui n’est pas maîtrisée, même « spéciale race », peut être délétère si on n’y prête pas attention… « spéciale race » ne veut pas dire de bonne qualité.

Parfois, les aliments « spécial race X ou Y», quand ils ne sont pas simplement qu’un argument publicitaire, peuvent simplement vouloir dire qu’ils sont adaptés à la morphologie de la race : par exemple les croquettes « petites races » sont souvent plus petites que celles pour les « grandes races » (mais comme ce sont des éléments secs et qu’un chien croque ses aliments, un petit chien peut tout à fait se nourrir de croquettes « spéciales grandes races » et vice-versa, ils les mangeront avec plus ou moins d’aisance), il n’y a aucun argument nutritionnel là-dedans.

L’indication de la race nous donne donc une idée générale du métabolisme du chien en parfaite santé (ses besoins de base), et les aliments « spécial race » peuvent en tenir compte ou pas, et il faudra de toute façon adapter les quantités aux dépenses énergétiques réelles de votre compagnon (et à sa digestion), en fonction de leur composition.

Vous devez toujours vous assurer de la composition d’un aliment et ne pas vous fier simplement à l’emballage, soyez vigilants ! On se répète : qualité et équilibre sont les maîtres mots de l’alimentation.

Alimentation « spéciale Chiots » ou « spéciale Séniors »

Un chiot a un métabolisme de base élevé, qui va se stabiliser à l’âge adulte, et diminue peu avec la vieillesse par rapport à l’âge adulte.

Deux chiens adultes de même race, ayant une activité similaire mais un écart d’âge important, auront donc des métabolismes proches mais quand même des besoins nutritionnels différents, puisqu’un jeune chien qui poursuit son développement, même s’il n’est plus un chiot, aura des besoins énergétiques plus élevés que son homologue plus âgé (et ils n’auront pas la même intensité dans leurs activités, ni les mêmes activités du tout). En plus, les besoins nutritionnels d’un chien bien plus âgé seront différents d’un chien dans la force de l’âge, même s’ils sont de la même race et du même gabarit, car il n’encourt pas les mêmes risques pour leur santé. Donc un maître soucieux de son chien adaptera l’activité physique et l’alimentation de son compagnon à son âge.

On considère un chien adulte après 10 mois pour les races de petite taille, après 12 mois pour les races de taille moyenne, et seulement après 18 mois pour les chiens de grande taille !

Et on considère qu’un chien est un senior vers 10 ans pour les races de petite taille, vers 8-9 ans pour les chiens de races moyennes, et dès 6-7 ans pour les races de grandes tailles qui ont une espérance de vie plus courte.

Les jeunes chiens ont besoin de plus de protéines qu’une fois adulte. Un chiot va aussi avoir besoin de plein de vitamines et de minéraux, mais comme son système digestif se développe aussi, il va proportionnellement absorber plus de calcium que nécessaire (et qu’un chien dont la croissance est terminée) avec le risque d’un excès, qui peut être nocif sur son développement à cet âge précoce en cas d’absorption trop importante de calcium ! Il ne faut jamais se dire qu’en donnant en abondance et sans limite un aliment cela ne pourra pas être néfaste…. Il faut éviter les carences, mais aussi éviter les excès !

N’oubliez pas que le surpoids chez un chiot entraîne des troubles de la croissance et prédispose le chien à des pathologies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque,…) plus tard. Surveillez régulièrement le poids d’un chiot et soyez attentifs à ne pas lui donner des aliments de mauvaise qualité et trop riches en glucides (typiquement les croquettes et autres pâtées industrielles et bon marché).

De même, un chien senior aura besoin de ne pas avoir d’apport de minéraux trop important pour favoriser sa fonction rénale, et de plus de fibres pour favoriser son confort digestif. Comme sa dépense physique va diminuer avec l’âge, il peut aussi se mettre en surpoids avec un risque pour ses articulations, mais il n’a pas forcément besoin de baisser ses quantités journalières (il faut peut-être simplement lui donner une alimentation moins sucrée).

C’est pourquoi donner des aliments « spécial chiots » ou « senior » a du sens, à condition de toujours vérifier leur composition et la qualité des ingrédients qu’ils contiennent, puisque leur composition sera équilibrée pour le métabolisme d’un chiot ou d’un senior, et visera à prévenir les risques spécifiques du jeune âge ou de la vieillesse.

Alimentation « Light »

Le terme « Light » n’est pas encadré par la législation et on peut très bien vous vendre un aliment hypercalorique avec le logo LIGHT écrit en gros dessus… En règle générale, les aliments « Lights » du commerce sont simplement moins caloriques. On trouve aussi dans cette catégorie les aliments « pour chiens stérilisés » mais nous en parlerons après.

Pour réduire les calories dans un aliment, l’apport en protéine et surtout en lipide sont diminués par rapport à l’aliment standard de la marque, mais le comble c’est que les glucides s’en trouvent souvent augmentés ! Hors trop de glucides apportés à un chien fait augmenter le risque de diabète qui, une fois installé, favorisera l’obésité ! Donc retenez que « Light » ne veut pas dire diététique.

Les aliments « Light » sont aussi enrichis en fibres pour que votre chien arrive plus vite à satiété et mange moins, même si ses besoins de base ne sont pas couverts, alors qu’un chien mis au régime conserve les mêmes besoins en protéines, en acides gras, en minéraux et en vitamines que les autres.

Vous l’aurez compris, nous vous déconseillons de vous orienter vers des produits « Light » si vous ne regardez pas attentivement leur composition. Vous pouvez aussi lire notre article sur « le régime d’un chien obèse ».

Alimentation « spéciale chien stérilisé »

Il est coutume de dire que la stérilisation d’un chien (ou d’une chienne) est synonyme de prise de poids, mais pourquoi ? Il faut savoir que la stérilisation, que ce soit d’un mâle ou d’une femelle, va modifier les cycles hormonaux du corps et entraîner une baisse du taux d’œstrogènes et de progestérone (les hormones sexuelles), avec des conséquences à différents niveaux. Tout d’abord le comportement alimentaire du chien stérilisé peut être modifié, et il va avoir plus d’appétit (et donc manger en plus grande quantité), ensuite, son métabolisme au repos va être diminué et il va avoir une dépense de repos moins importante, et donc stocker plus facilement les graisses.

Ajouté à ça une période de convalescence d’un mois après son opération, qui va mettre le chien au repos forcé et diminuer son activité physique… et vous avez tous les ingrédients pour qu’un chien prenne du poids dans les semaines qui suivent son opération, d’autant plus s’il a une alimentation trop riche durant cette période ! Mais ça ne veut pas dire qu’un chien stérilisé devra être au régime toute sa vie…

Pour éviter que votre chien ne prenne du poids après la stérilisation, il vous faudra adapter son alimentation, ou ses portions, en fonction de son activité du moment en prenant en compte que son métabolisme de repos est moins actif pour les standards de sa race. Les aliments du commerce « spécial chien stérilisés » ne sont pas forcément équilibrés et ne correspondront pas obligatoirement aux dépenses physiques de votre chien. Pour la plupart, ils sont juste hypocaloriques par rapport au standard de la marque… Si vous faites attention aux compositions des aliments que vous achetez pour votre compagnon et qu’ils ne contiennent pas plus de 15% de matières grasses, ni plus de 35% de glucides, vous pouvez continuer à donner ces aliments à votre chien après sa stérilisation, en adaptant les portions à son activité réelle (comme vous le feriez s’il n’était pas stérilisé).

Comment choisir le bon aliment?

Après avoir regardé les compositions et choisi un aliment qui vous semble équilibré, de bonne qualité, et adapté à votre chien, il vous faudra lui donner ! Il n’y a pas d’autre moyen de s’assurer que votre compagnon le digère bien. La digestibilité est LE principal indicateur de qualité. Des selles moulées, peu odorantes, et l’absence de ballonnement sont le signe d’une alimentation qui convient au système digestif de votre chien. Si votre chien à la diarrhée, des gaz, des selles malodorantes, c’est qu’il ne digère pas correctement ses repas. Même si sur le papier, l’aliment en question est correct, il peut arriver que votre chien digère mal un de ses composants. Il convient donc d’être attentif au transit de son chien.

Les facteurs à prendre en compte pour savoir si l’aliment que vous avez choisi convient à votre chien, sont :

  • L’appétence : il faut que votre chien apprécie son alimentation et la mange avec appétit. Sinon, c’est qu’elle ne lui convient pas (pensez toujours à bien faire la transition).
  • La digestibilité : si votre chien digère correctement son alimentation, il fera 1 à 2 selles bien moulées par jour . Une alimentation mal digérée entraînera des selles molles et odorantes.
  • La stabilisation du poids : un aliment adapté et un bon rationnement ne provoquera pas de prise de poids (ni de perte) et la croissance d’un jeune chien ne sera pas perturbée.
  • La brillance du pelage : le pelage de votre chien est un bon indicateur sur du moyen/long terme. Une alimentation mal adaptée peut avoir pour conséquence un pelage terne, jusqu’à entraîner une perte de poils importante ! Alors qu’une alimentation correcte et bien digérée se répercute avec un pelage brillant et une perte de poils limitée.

Retenez qu’un aliment équilibré et de qualité (dont vous connaissez la provenance), vaut mieux qu’un aliment « spécial quelque chose » industriel ; et que l’aliment qui convient à votre chien est celui qu’il digère correctement !